SI L’ÉCOLOGIE ÉTAIT UNE VALEUR DE GAUCHE, ÇA SE SAURAIT.

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C’est la Ministre qui aura le dernier mot !

L’avenir de l’usine de Gardanne est désormais suspendu à la décision de la Ministre de l’environnement, et plus largement du gouvernement.

Contre toute attente, la commission d’enquête publique, appuyée par l’ensemble des maires des communes  concernées (avec à leur tête Roger Meï, maire PC de Gardanne, et de manière plus surprenante le député EELV François-Michel Lambert), à rendu un avis favorable à la prorogation de l’autorisation concédée à l’usine Peychiney de rejet des boues rouges au large de Cassis.

Certes, ce n’est qu’un avis consultatif, et on peut se demander quels arguments ont été utilisés par l’usine Altéo-Pechiney pour obtenir un tel résultat, mais c’est finalement le préfet qui aura le dernier mot, en conclusion d’une séquence à l’occasion de laquelle les enjeux économiques, sociaux, mais surtout politiques (700 emplois concernés), ont pris le pas sur la préservation de l’environnement.

Seul un élu s’est fortement opposé à cette extension d’autorisation, c’est Patrick Boré (maire LR de la Ciotat), mettant en avant la réalité inquiétante de la situation pour l’environnement marin au large de sa commune (située sur le territoire d’un parc régional des Calanques à l’Est de Marseille)  :

  • rejet de métaux lourds Zinc, Plomb, Arsenic, Chrome, Vanadium et Plomb de l’ordre de 25000 tonnes/an  avec pour conséquence directe un apport annuel de 2 tonnes d’Arsenic, 8 tonnes de Nickel, 6 tonnes de Cuivre, mais surtout 16 tonnes de Plomb, et 320 tonnes de Chrome dans leurs états purs)

Mais Patrick Boré rappelle aussi – et c’est le plus intéressant :

  • que le groupe Pechiney avait bénéficié de subventions à hauteur de 15 millions € qui lui avaient permis de développer un procédé qui permet de diviser par 5 le tonnage annuel et améliorer le traitement des boues, ramenant pratiquement à zéro le volume de rejet via un procédé qui les revalorise en matériaux de construction.
  • que la pêche en zone côtière représente aussi un gisement de 2000 emplois directs,
  • que l’enquête épidémiologique avait aussi relevé le lien de causalité avec les cancers de la plèvre identifiés chez les anciens employés des chantiers navals situés sur sa commune.

On voit donc bien l’opposition entre les intérêts d’opportunité plus que réellement politiques ou sociaux entre des maires et un député, prêts à instrumentaliser la situation pour des intérêts électoralistes, la réalité d’une situation écologique très préoccupante, la difficulté de résister aux pressions exercées par le groupe Pechiney sur l’exécutif, les médias, les scientifiques et la population locale, et le courage d’un maire qui, seul contre tous, soutient l’intérêt général.

Quant à l’usine Altéo Pechiney, c’est de manière très peu convaincante qu’elle menace l’usine de fermeture en Janvier prochain dans l’hypothèse du refus d’extension de son autorisation de rejet.

C’est donc la Ministre qui décidera, et ses déclaration au micro de France Inter le 24 Novembre semblent laisser espérer une conclusion favorable qu’elle pourrait imposer au Préfet, contre les avis émis par la commission d’enquête :  «Actuellement, je lutte pour arrêter les rejets de boues rouges en Méditerranée par une entreprise qui a eu vingt ans d’autorisation de polluer, a déclaré Ségolène Royal. Aujourd’hui, on me demande de reconduire cette autorisation et je dis non.” Elle ose même dénoncer “le chantage (à l’emploi, Alteo compte quelque 700 emplois directs et indirects, Ndlr) qui est émis par une entreprise qui, en plus, a reçu des fonds publics et qui continuerait à rejeter des métaux lourds, radioactifs, en Méditerranée”.

Gageons qu’elle aura le courage de maintenir cette position déterminée et réellement écologiste. L’usine Altéo Pechiney sera alors contrainte de cesser toute forme de rejet marin. Ce serait un précédent qui pourrait faire fonction de jurisprudence politique pour d’autres situations semblables en France, comme en Europe.

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Suivre Frédéric Poitou:

Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.