TRANSPARENCE A BRUXELLES

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A Bruxelles, nous sommes dix mille représentants de groupes d’intérêts qui travaillons auprès des institutions, essayant à des degrés divers, et selon notre niveau, d’influer sur les prises de décisions des législations et règlementations européennes.

Ce métier à ses règles de noblesse, car en portant à Bruxelles une vision et des arguments bien différents de ceux que l’on voit par le prisme déformé des fenêtres de la Commission Européenne, il représente une forme d’expression du processus démocratique quasi direct, un droit qu’ont les citoyens d’informer différemment ceux qui légifèrent, décrètent ou règlementent leur quotidien. Une nouvelle fois, après la première expression de la démocratie que représente le vote aux élections, vos droits de citoyens ne sont pas épuisés, mais ils fonctionnent alors à l’inverse du slogan de la pile Wonder : « les droits ne s’usent que si on ne les utilise pas ».

En tant que lobbyistes, nous nous livrons régulièrement à des activités, d’ interventions dans différentes organisations telles que les entreprises, les groupements professionnels, les structures publiques ou parapubliques, les ONG, les associations, les cabinets de consultants spécialisés dans les affaires publiques, les cabinets d’avocats et en participant aux think-tanks des métiers dont nous défendons les intérêts.
Mais nous appliquons un code de déontologie et/ou d’une charte que nous signons qui balise, tant pour nos clients que pour nos interlocuteurs, les règles que nous imposons à nos interventions.

Ainsi à titre personnel, je n’accepte pas de représenter les intérêts qui ne répondraient pas à minima aux règles des deux « Grenelles de l’environnement » ou qui concernerait des produits dont le procédé industriel ne respecterait pas les règles bien précises, du développement durable.

Nos interventions contribuent au processus démocratique en tant qu’acteur de la société civile, chaque intervenant selon ses domaines d’excellence, en général conséquences de nos carrières et expériences professionnelles, chaque cabinet avec son domaine de prédilection – lobbying pur, veille règlementaire, intelligence stratégique, communication …-.

La Commission souhaite renforcer ces règles – et c’est très bien ainsi – depuis que les affaires Nelly Kroes (1) et José Manuel Barroso (2) ont jeté le discrédit sur les hautes fonctions européenne, mettant en lumière interprétation parfois douteuse qu’ont les hauts responsables politiques de la déontologie que devrait leur imposer la défense de l’intérêt commun, mais aussi sur les pratiques de certains grands groupes qui savent où investir leurs effort de communication active.
(1) prise le doigt dans le pot de confiture, lorsqu’on a découvert qu’elle administrait depuis 9 ans une société off-shore et possédait un compte caché aux Bahamas, alors même qu’elle était commissaire Européen …), et

(2) dont le recrutement chez Goldman Sachs la célèbre avait déjà fait grand bruit avant qu’on en connaisse l’origine, mais dont les révélations probantes sur la base d’échanges de mails et de courrier, au terme desquelles Barroso était déjà en relation avec la banque alors qu’il était à la tête de la commission acheva de décrébiliser les hautes fonctions.

En France, nous avons obligation d’être déclarés sur les registres de l’Assemblée Nationale ou du Sénat pour obtenir nos badges. A Bruxelles, l’inscription sur le registre de transparence “transparency” est conseillé, mais pas obligatoire.

C’est ce que la Commission propose au Parlement de changer, et j’adhère totalement à cette démarche.

Découvrir le registre “transparency” 

http://www.europarltv.europa.eu/fr/player.aspx?pid=c63b3fb7-db08-47b1-a82a-a63f0150277b

Suivre Frédéric Poitou:

Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.