LA PIEUVRE, LE DEPUTE, ET LES DEUX FRERES …

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montebourggueriniPhilippe San Marco, énarque, ancien secrétaire général de Gaston Defferre, conseiller régional Paca (1981-1986) et député des Bouchesdu- Rhône de 1981 à 1993. À64 ans, ce vieux routier de la vie politique marseillaise et ancien membre du PS dénonce les pratiques exercées dans son ancienne fédération qu’il a quittée en 2001.

C’est un homme plutôt affable, qui avait ses habitudes, et sa table, à l’Atelier Chocolat, Place aux Huiles à Marseille dans les années 90. J’ai déjeuné à de multiples reprises à sa table chez “Henri”, notre ami chocolatier.

Voici ce qu’il déclarait au JDD hier (morceaux choisis) :

Pourquoi avoir quitté le PS en 2001?
Après les avoir dénoncées pendant des années, je n’acceptais plus les pratiques scandaleuses dans la fédération des Bouches-du-Rhône. J’ai fait le choix de la quitter plutôt que de me soumettre dans la foulée.

Quelles étaient ces pratiques que vous dénonciez? Étiez-vous seul?
Avec Michel Vauzelle, nous luttions contre le système qui se mettait en place. Entre 1994 et 1998, une gigantesque opération de fausses cartes a été mise en place. Un beau jour, j’ai vu arriver Alexandre Guérini avec une cinquantaine de gens du conseil général. J’ai rapidement été mis en minorité. Cette vaste entreprise déstabilisait les petites sections comme la mienne dans le 7e arrondissement de Marseille. Le frère de Jean-Noël était membre de la commission des adhésions. Comme cela, il contrôlait tout pour son frère. Quand Alexandre est dans une commission, c’est lui le patron.

Qu’avez-vous remarqué?
À cette époque, un grand nombre de secrétaires de section étaient plus ou moins liés avec le conseil général, par exemple l’emploi d’un proche, ou bien des responsabilités dans une association subventionnée. La fédération a été verrouillée en l’espace de quelque temps. Le conseil général procède à un arrosage clientéliste interne avec des embauches massives, et externe avec le versement de subventions à des associations “amies”.

Aubry “croit que Marseille est une République bananière

Après ces constatations, qu’avez-vous fait?
J’ai alerté François Hollande. A Paris, on me répondait: “Ben ouais, c’est Marseille.” La direction du Parti a préféré tourner la tête, alors qu’ils étaient au courant. Ils n’ont rien fait ! La direction ne m’a pas cru, c’est Marseille, c’est exotique !

Comment interprétez-vous le rapport d’Arnaud Montebourg?
Le contenu n’est absolument pas surprenant, je le trouve même prudent et édulcoré. Enfin une voix nationale s’est élevée ! On ne pourra plus dire que le PS ne savait pas. Je me demande pourquoi ce document n’est pas sorti plus tôt. Martine Aubry l’avait depuis trois mois. La loi du silence pèse à la direction, c’est incroyable cette omerta!

Et la réaction de Martine Aubry?
Consternante, elle croit que Marseille est une République bananière, à cette échelle-là c’est de la démence! Elle est informée, elle tourne la tête et refuse de prendre le taureau par les cornes. Elle devient complice en soutenant des manquements graves aux statuts du PS. Je crains qu’elle ne parasite toute la campagne avec cette affaire.

Pour vous, quelle serait la meilleure solution?
Martine Aubry doit exiger la démission immédiate de Jean-Noël Guérini, et de toute la direction de la fédération départementale, pour non-respect des statuts. L’éthique est en cause. À Marseille, il y a des gens de gauche sincères et honnêtes, ceux-là devront prendre le pouvoir !

Mais à Marseille, après une fin de semaine où très peu de voix à gauche s’étaient élevées pour relayer la démonstration de Montebourg, les langues, tout doucement, commencent à se délier dans les rangs socialistes, même si l’anonymat reste, pour le moment, la règle.

Une règle qu’on pourrait nommer omerta. Ainsi peut on lire dans France soir :

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Seul Patrick Mennucci, le président du groupe PS au conseil municipal de Marseille, accepte de confier officiellement ses craintes, à moins de deux semaines du premier tour des élections cantonales : « Ma préoccupation, c’est de faire élire les conseillers généraux sortants, donc de démontrer aux électeurs qu’il ne faut pas confondre “l’affaire” avec tous nos amis qui sont parfaitement honnêtes. »

« Se débarrasser de la pieuvre… »

France soir rapporte qu’un groupe d’élus qui signent « Les socialistes propres » a écrit au juge chargé de l’enquête sur Alexandre Guérini. Avec force détails, qu’il s’agisse des patronymes ou de la vie intime des uns et des autres, les rédacteurs décrivent les frères Guérini comme « des siamois qui ont, depuis quelques années, tissé minutieusement leur toile ». Ils évoquent, pêle-mêle, « l’échange de liquide contre chèque » et « des services en tout genre : emplois, logements et tant d’autres ». Soumise à une personnalité du PS provençal, cette lettre n’a pas donné lieu à des dénégations. C’est même l’inverse : « Alexandre passait des coups de fil en disant « Tu sais qui est mon frère… », et le cabinet de Jean-Noël Guérini faisait pression sur les élus du conseil général qui avaient mal choisi leur camp en supprimant des avantages en nature. Un chauffeur, par exemple. » La lettre envoyée au magistrat se conclut sur une adjuration : « M. le juge, les républicains vous encouragent à les débarrasser de cette pieuvre. »

Martine Aubry, après avoir dénoncé dans un premier temps le manque « de faits » du rapport Montebourg, s’est ralliée à l’idée d’une commission d’enquête pour étudier les cuisines de la fédération PS des Bouches-du-Rhône. Hier, Jean-François Copé, le patron de l’UMP, a interpellé la maire de Lille sur ses liens avec Guérini en soutenant que ce dernier l’avait aidé de façon décisive, avec ses militants, à se faire élire Première secrétaire en 2008.

Et à Coudoux on continue à donner des leçons d’honnêteté politique concernant certains candidats  !

J’adore …

Frédéric

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Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.

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