GRÈVE A RADIO-FRANCE

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Voilà plusieurs semaines maintenant qu’une partie des journalistes de Radio France (inter, culture, bleue, musique, FIP et autres) sont en grève.
Evidemment, pour ceux qui comme moi sont fidèles de cette radio, non pas par doctrine, mais juste parce que c’est de très loin la meilleure radio de France.
C’est un élément dont on prend conscience pendant les grèves qui amènent les radiophiles dont je suis, à écouter la concurrence (RTL, Europe 1) à constater l’énorme écart de qualité entre une ligne éditoriale soignée, dense, de la matière, de l’élévation tout en maintenant une certaine dose de légèreté, mais beaucoup d’humour, avec une ligne populiste, sans analyse, portée vers le pathos, et des émissions dites humoristiques d’un niveau d’école maternelle (les grosses têtes avec l’omniprésent Laurent Ruquier en particulier, dont le niveau est particulièrement affligeant).
Alors cette nième grève à Radio France est-elle justifiée ?

Les grévistes revendiquent le maintien des 300 postes dont la suppression est prévue, sur les 4400 CDI existants.

Pour mémoire, en 2015, une autre grève avait déjà remis en cause le plan prévu par l’ex président, Mathieur Gallet, si bien que malgré quelques efforts, la masse salariale a continué à croître.

Alors que les audiences sont largement en augmentation, la Cour des Comptes relève malgré tout dans son dernier rapport, de nombreux doublons, en particulier la très couteuse « France Info ».

Le même rapport pointe quelques errements dans les restructuration, en particulier de France Musique dont la mise en ligne n’est pas nécessairement un succès, et le Mouv’ qui ne trouve pas vraiment sa place.
Par ailleurs, il n’y a qu’à écouter les différentes radios du groupe, pour constater de nombreux doublons Radio / TV (France Info FM avec France Info TV, RFO avec France O, France Bleue avec France 3 …)

Enfin, le rapport note de nombreuses zones d’ombre (achats, frais de réception, de déplacement, et conclue par le maillon faible (et très couteux) de la maison ronde, la hausse des charges de personnel et un cadre social à réformer, en particulier en renégociant le temps de travail (le code du travail permet aux journalistes de ne travailler que 192 jours par an en totalisant légalement plus de 13 semaines d’absence parfaitement légale, par an.

Et l’on en revient donc au grèves plus générales celles ci, pour la réforme des retraites, où l’on constate qu’il est toujours difficile de faire passer chez certaines catégories socio-professionnelles des réformes structurelles qui modifient les petits avantages indus, ou abusifs.

Alors, comme pour les régimes spéciaux des retraites qu’il faut supprimer, le modèle de radio France (hérité de l’ORTF) est évidemment à revoir, et plutôt que tuer dans l’oeuf la maison commune du service public en la bloquant pendant plusieurs semaines, les syndicats seraient bien inspirés de réfléchir à l’intérêt commun, plutôt qu’à celui d’une catégorie déjà fiscalement très avantagée de la population.

Là encore, l’intérêt commun passe avant celui de certaines catégories.

Suivre Frédéric Poitou:

Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.