LE 501 EST A LA MODE …

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Jean Calvin aurait  501 ans.

calvinEncore un excellent article publié sur le blog de Jean Laurent Turbet, et que je reprends in extenso, tout en vous conseillant de visiter son site. Un Franc-Maçon, socialiste et protestant qui ose s’afficher, c’est déjà un acte militant !

Après l’année 2009 qui a été l’année Calvin (commémorations importantes pour célébrer le 500ème anniversaire de sa naissance), j’ai pensé qu’il fallait en ce jour anniversaire, parler de nouveau du Grand Réformateur. Jean Calvin est en effet né le 10 juillet 1509 à Noyon en Picardie, dans le nord de la France, sous le nom de Jean Cauvin. Il fut  l’un des grands théologiens et initiateurs du protestantisme qui compte aujourd’hui quelque 60 millions de fidèles à travers le monde, toutes familles confondues.

Jean Calvin est évidemment le plus éminent des réformateurs français et le plus grand théologien de son siècle.

En ce jour anniversaire il est logique de se poser la question de l’héritage de Calvin, y compris et surtout dans le protestantisme français d’aujourd’hui.

La doctrine de Calvin diffère quelque peu de celle de  Martin Luther (1483-1546) qu’il n’a jamais rencontré personnellement. Calvin privilégie la lecture de la Bible, le dépouillement, le “salut par la foi“. Il faut comprendre que Calvin appartient à la 2ème génération de la Réforme. Maintenant il ne s’agit plus de lancer le mouvement mais de l’établir durablement.

Il est plus méthodique et – on le dit souvent – plus intransigeant, moins passionné, presque froid. Ce que démentent pourtant les indéfectibles amitiés qu’il a pu avoir tout au long de sa vie. Tout comme l’amour sincère qu’il portait à sa femme, Idelette de Bure.

Calvin se distingue de Luther par la croyance en la “prédestination” -Dieu a choisi pour l’homme sa destinée, ce qui n’entrave pas la liberté de l’homme- et par son refus de toute hiérarchie épiscopale. Ce qui explique le très grand attachement des réformés français d’aujourd’hui à leur système presbytéro-synodal.

Calvin a toujours été très discret sur son enfance dont on ne connait en fin de compte assez peu de choses: il est né dans la petite ville de Noyon, au coeur du pays picard, d’une mère dévote qui meurt alors qu’il n’a que six ans, et d’un père autoritaire et procureur ecclésiastique, qui souhaite le destiner à l’Eglise. Son père mourra pourtant en délicatesse avec les aurorités ecclésiastiques… Il étudie successivement à Paris, Orléans et Bourges où il rencontre des disciples de Luther et se confronte aux idées d’Erasme et de Guillaume Budé.

Concernant sa “conversion” aux idées de la Réforme, là encore nous n’en savons presque rien puisque Calvin n’en a jamais vraiment parlé lui-même. S’agit-il d’une conversion éclair, à la façon de Paul sur le chemin de Damas, ou d’une lente maturation? Le mystère demeure encore.

Il n’en reste pas moins qu’en 1533, il devient un adversaire résolu de l’Eglise catholique, condamnant, comme Luther, le pouvoir du Pape et des conciles ou encore la confession, et est contraint de se cacher.

Il gagne Angoulème, puis Bâle, en Suisse, où il publie en 1536 en latin (Institutio religionis christianae) son oeuvre majeure, “L’Institution de la religion chrétienne“. C’est vraiment l’ouvrage de sa vie, qu’il traduit lui-même en français en 1541. C’est une oeuvre qu’il ne cessera d’enrichir au fil des ans. En 1561, il en publie une dernière version, quelques années seulement avant sa mort.

Une nouvelle vie commence pour lui la même année, quand il est nommé professeur de théologie à Genève, où la réforme a été adoptée. En effet, la cité fait appel à Calvin, à l’instigation de Guillaume Farel. Il édicte les Quatre Articles et une Instruction et Confessions de foi pour doter l’Église réformée de Genève d’une solide armature disciplinaire et doctrinale.

Fidèle à son idée que le croyant doit pouvoir se faire sa propre opinion des Ecritures – et donc savoir lire ! – il crée à Genève la première école primaire, obligatoire, gratuite, ouverte aussi bien aux garçons qu’aux filles.

Mais en 1538 il doit quitter la ville où il ne reviendra qu’en 1541, après un passage à Strasbourg où il cotoie Martin Bucer, un autre théologien de la réforme protestante. Il veut faire de Genève une cité “modèle” et y impose un rigorisme que de nombreux fidèles jugent excessif, accusant même de “sorcellerie” certaines victimes de la peste de 1545.

Le point noir de l’action de Calvin à Genève restera l’exécution de l’espagnol Michel Servet venu se refugier à Genève pour fuir les bûchers de l’Inquisition car il réfutait la Trinité. Un autre espagnol, Sébastien Castellion, s’opposera à Calvin pour plaider la liberté de conscience.

Mais là encore ne faisons pas d’anachronisme. On 16ème siècle il était plutôt reproché à Calvin… sa trop grande tolérance. En effet, un bûcher pour Servet (plus quelques autres pour quelques “sorcières”), apparait comme bien peu par rapport aux milliers de bûchers de l’Inquisition qui flambaient dans toute l’Europe! Calvin était d’aiileurs très réservé sur la mise à mort de Servet et c’est bien le Conseil qui en prit la décision finale.

Jean Calvin meurt le 27 mai 1564 à Genève. Fidèle à la haine qu’il portait au culte des saints, il a souhaité être enterré dans une fosse commune pour que sa tombe ne devienne jamais ni un lieu de pélerinage ni un lieu de dévotion pour de futurs disciples. On ne sait toujours pas aujourd’hui où se trouve la tombe de Calvin.

A sa mort sa renommmée est déjà universelle. L’influence de sa théologie s’est répandue en France, en Suisse romande mais également aux Pays-Bas, en Ecosse et de manière plus diffuse, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, les réformés (calvinistes) représentent quelque 50 à 60 millions de fidèles à travers le monde.

Que faut-il retenir de Calvin pour le 21ème siècle? Non pas la partie contingente du Calvin du 16ème siècle, par de nombreuses facettes encore un homme du Moyen-Age. Brûler des sorcières aujourd’hui non!

Ce que je retiens c’est son message d’éthique et de responsabilité, son organisation démocratique de la vie religieuse, son amour du savoir, de la connaissance et de l’étude. Ce sont pour moi les points clés de son message. Sur un plan plus exégétique, Calvin, à l’inverse de Luther par exemple, n’a jamais été antisémite et n’a pas commis d’écrits contre le judaïsme et les juifs. Bien au contraire l’étude de l’Ancien Testament et l’apport du judaïsme à la foi chrétienne étaient pour lui essentiels.

Je ne pouvais pas ici en un court article faire quelque chose de détaillé ni d’exaustif. C’est pourquoi vous trouverez ci-dessous quelques ouvrages qui vous permettront d’approfondir l’histoire et la pensée de Jean Calvin. A vous maintenant, suivant en cela une doctrine majeure du calvinisme, de vous faire votre propre opinion…

° Livres sur et de Calvin :

° Jean Calvin par Denis Crouzet chez Fayard, 1999, 480 pages ISBN-10: 2213606765
° Calvin. Au-delà des légendes, par Yves Krumenacker, 2009, Editeur / Edition : Bayard, ISBN 978-2227477636.
° Calvin, par Jean-Luc Mouton, Gallimard, Folio Biographies, 2009.
° Calvin et la dynamique de la parole, par Olivier Millet, 1992, Editeur : H. Champion, Paris. ISBN 2-85203-241-4.
° Calvin : Un homme, une oeuvre, un auteur, par Olivier Millet, éd. Infolio, 2009.
° Calvin, par Bernard Cottret, 1998, Editeur / Edition : Petite bibliothèque Payot, ISBN 2228891875
° Calvin Mystique – au cœur de la pensée du réformateur, par Carl A. Keller, 2001, Editeur : Labor et Fides, ISBN 2-8309-1002-8.
° Jean Calvin : Introduction à sa pensée théologique, par Marc Vial éd. Labor et Fides, 2008.
° Calvin et le calvinisme : Cinq siècles d’influences sur l’Eglise et la Société, par
Ernst Hirzel
éd. Labor et Fides, 2008.

° Jean Calvin : Oeuvres T1: Gallimard, La Pléïade, 2009.
° Jean Calvin : L’Institution de la Réligion Chrétienne : en 3 volumes: Kerygma ; Farel, 1995 (C’est l’édition que j’ai).
° Jean Calvin : L’Institution de la Réligion Chrétienne : Excelsis 2009

° Pour aller plus loin :

 

° Le site de l’Eglise Réformée de France.
° 2009, année Jean Calvin
° Chronologie du Protestantisme et de la Réforme
° Voyage virtuel dans l’histoire du Protestantisme
° Le protestantisme, minorité vivante
° “Appel à l’intelligence et au courage d’être protestant”, par Olivier Abel
° Profession pasteur
° Protestantisme et Franc-Maçonnerie

 

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Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.

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