GAUCHE CONTRE DROITE ?

Classé dans : Politique | 0

Pourquoi toujours monter les français les uns contre les autres ?

La technique est bien connue : Monopoliser les médias pour attirer l’attention, quitte à dire tout et n’importe quoi en mentant sciemment.

Cet été, ce fut le Burkini, puis le réchauffement climatique, puis nos ancêtres les gaulois, jusqu’à l’épisode du reportage Envoyé Spécial à la suite duquel est venue une autre séquence à l’occasion de laquelle on mélange alors «comptes de campagne» et «affaire Bygmalion», deux affaires différentes dont l’une vaut une mise en examen pour financement illégal de campagne électorale, le dépassement n’étant qu’un des éléments constitutifs. Le Fact Checking – même à la radio – est impitoyable.

Ce ressort étant définitivement épuisé, les autres ayant fait pschitt, il fallait bien balancer une nième bêtise pour tenter d’influencer une primaire pour l’instant mal engagée en focusant les médias. Ca sera donc le kidnapping de la primaire par les électeurs de gauches que l’on annonce nombreux à vouloir venir mêler leurs votes à ceux de la droite et du centre. “si on est élu avec des voix de gauche, c’est qu’on s’apprête à gouverner avec la gauche” Waow !

Mais sauf erreur de ma part, il me revient que 7 ministres de gauche – et quelle gauche ! – avaient été capturés en 2007 comme des prises de guerre par Nicolas Sarkozy dans ce gouvernement auquel moi aussi je croyais, pensant qu’on avait enfin dépassé les clivages infondés de la 4e république.

Ainsi Eric Besson, Frédéric Mitterand (excusez du peu !), Jean-Pierre Jouyet (lol !), le formidable Martin Hirsch qui s’est depuis sagement retiré du milieu pour se consacrer à sa première passion, la solidarité et l’action sociale en tant que DG de l’APHP, ce mastodonte à réorganiser, Fadéla Amara, et Jean-Marie Bockel (revenu aujourd’hui au bercail de l’UDI, via la gauche moderne membre du Parti Radical).

Comme l’écrit Mael de Calan, les mêmes qui crient au loup se félicitaient de l’appui du MoDem en 2015 – mais aussi du PS, notamment en PACA – pour remporter des élections régionales plutôt mal embarquées au premier tour. Certains cadres de Les Républicains ont parfois la mémoire courte …

Alors oui, j’ai fait deux campagnes pour Nicolas Sarkozy, et je ne les regrette pas, car pour la première, si ca n’avait pas été lui, ca aurait été Ségolène Royal et là je l’aurais regretté.
J’y ai cru comme tout le monde. Il était celui qui par son dynamisme, sa jeunesse, son énergie et son volontarisme était capable de tous nous entraîner dans une spirale vertueuse, génératrice d’un élan nouveau pour la maison commune, la France. Espoir finalement vite bafoué par les premières heures au Fouquet’s, les Rolex et Ray-Ban de mauvais goût, puis les vacances sur le Yacht de Bolloré, puis plus tard, les mots malheureux de karcher, casse toi pauvre con, jusqu’aux relations sulfureuses avec certains dictateurs du proche Orient, et la mascarade de la venue de Kadhafi à Paris. La messe était dite, baissez le ban !

la seconde, il a juste été battu par plus fort que lui : François Hollande. Et encore n’était-ce pas Dominique Strauss-Kahn …

 

Il serait donc plus honteux que des français de sensibilité de gauche s’invitent à voter aux primaires si ils sont déçus de la gauche, que les inviter à être ministre de son gouvernement.

Si la participation aux primaires de la droite et du centre devraient être à 80% constituée d’électeurs de notre sensibilité, les études confirment que 10% devraient être des déçus de la gauche, et 10% des électeurs du FN.

La France a toujours été à droite, une droite centriste de type orléaniste, modérée héritière de Condorcet, Tocqueville, mais aussi Barre, Giscard, Lecanuet, Schuman, Simone Veil, jusqu’à Jacques Delors et même Michel Rocard bien que ces deux derniers fussent socialistes.

Ces électeurs modérés, mais de droite se sont portés pour partie (13% selon les études) sur François Hollande en 2012 par rejet de Nicolas Sarkozy. Quoi de plus normal de leur tendre la main pour revenir s’associer dans un projet commun auquel ils aspirent encore ?

Les 10% d’électeurs qui viennent du FN envisagent de voter aux primaires, pour un calcul bêtement mathématique, afin de choisir celui de nos candidats qu’ils espèrent battre le plus facilement et qu’il est facile d’identifier. L’électorat du FN est cristallisé, fidèle et loyal, avec des revendications incompatibles avec un projet démocrate, social et européen, il n’est pas difficile d’identifier leur choix, même si il est opportuniste.

Juppé ne s’y risquera pas. Ca n’est pas dans sa conception de l’apaisement et de la cohésion nationale dont notre pays à besoin. Suspecter Alain Juppé de préparer une politique de gauche (il propose la retraite à 65 ans, 30 Md€ de baisses d’impôts, 10 000 nouvelles places de prison et le recrutement de milliers de policiers et gendarmes) n’a pas de sens. On dérive, on s’abaisse, on patauge. Nicolas Sarkozy s’apprêterait alors à faire une politique d’extrême droite puisqu’il est soutenu par des militants du FN et de plus en plus d’élus ?

Alors, quand on parle de “hordes d’électeurs de gauche” avec une sémantique toute proche de celle utilisée par Marine le Pen pour qualifier les migrants Syriens, c’est juste oublier qu’en France, ce sont moins de 20% d’électeurs «mobiles» dont les votes sont labiles, qui font les élections, et que ces électeurs se situent entre le centre gauche et le centre droit. Ne les insultons pas, ce sont juste nos cousins sociaux-démocrates, à nous socio-libéraux !
Si nous ne parvenons pas à les convaincre de revenir voter à droite, nous perdrons les élections présidentielles de 2017 pour les mêmes raisons que nous avons perdu celles de 2012. Pour le moins pire en envoyant de nouveau un socialiste incompétent à l’Elysée, pour le plus préoccupant, en envoyant très démocratiquement un leader d’extrême droite comme l’Autriche s’apprête à le faire.

Vivement donc que le MoDem et l’UDI annoncent leurs soutiens afin d’éclaircir le débat. Mais vivement surtout que soient données la consigne à leurs adhérents d’aller voter afin d’éclaircir le débat ! La France a besoin d’un Président qui rassemble, au delà des clivages actuels en déplaçant les déceptions pour les transformer en énergie.

 

Alors, dans mon comité de soutien à la candidature d’Alain Juppé j’ai plusieurs membres de sensibilité de gauche. C’est très bien ainsi et j’en suis fier. Ils se sont courageusement engagé comme moi derrière un homme d’envergure, que les évènements de sa vie ont fait grandir, réfléchir, et construire un projet qui leur ressemble, qui nous ressemble. Et en Janvier 2015, alors que tout le monde préférait jouer ses investitures plutôt que ses convictions, il fallait oser !

Ci-dessous en cliquant sur le graphique mis à jour en permanence, l’ensemble des sondages sur le sujet.

sondage
Suivre Frédéric Poitou:

Frédéric Poitou est né à Rouen, et y a fait des études au Conservatoire en musique-études en section piano. Il s'est ensuite orienté vers des études scientifiques où il a obtenu un diplôme d'ingénieur, puis un doctorat en Chimie. Il est Expert Judiciaire en France, en Belgique et à Luxembourg, et agrée par les Institutions Européennes.